le 22 mai : pour ne pas oublier

Publié le par Marie Mabille - Les Verts

« Monsieur le maire, mesdames et messieurs les conseillers municipaux,
Je tenais à vous dire ces quelques mots en ce début de conseil municipal. Aujourd’hui, nous sommes le 22 mai. Pour vous, cette date n’a peut être pas de résonnance particulière, mais pour les ressortissants des DOM-TOM, cette journée est fêtée et même chômée outre-mer, car c’est la date où a été proclamée l’abolition de l’esclavage en Martinique : le 22 mai 1848.
L’assemblée nationale française, puis le sénat la semaine dernière ont voté, à l’unanimité, un texte annonçant enfin que l’esclavage avait été un crime contre l’humanité et qu’un jour en de commémoration national serait proclamé, que dans toutes les écoles de France, cela serait au programme.
Donc en ce 22 mai 2001, je voulais juste rappeler ces faits et me réjouir que cette reconnaissance tardive, mais reconnaissance tout de même, ait eu lieu. Je suppose qu’à Bois-Guillaume comme ailleurs, c’est à l’unanimité que seront accueillies dans les années à venir, les commémorations annoncées récemment. Je vous remercie de votre attention. »

Marie Mabille, le 22 mai 2001 lu en Conseil Municipal à Bois-Guillaume

Tout avait commencé en mai 1998, date anniversaire de l’abolition de 1848 par Victor Schoelcher. A Paris, une grande marche silencieuse a rassemblé des milliers de ressortissants des DOM-TOM pour demander que l’esclavage soit reconnu comme crime contre l’humanité. Chose incroyable, rien n’existait jusqu’alors ! Et la machine s’est mise en marche. A Rouen, aussi. Une semaine d’une intensité remarquable a été organisé. Des concerts, des débats, des expos, un défilé dans les rues. Oser dire l’innommable, 150 ans après pour éviter l’oubli des ces âmes mortes en mer, dans les plantations loin de leurs terres natales, exilées …

Puis le 10 mai 2001, la loi Taubira est publiée et c’est la première victoire du combat pour la reconnaissance de l’esclavage comme crime  :
LOI tendant à la reconnaissance de la traite et de l'esclavage en tant que crime contre l'humanité.
(10 mai 2001)
Article 1er
La République française reconnaît que la traite négrière transatlantique ainsi que la traite dans l'océan Indien d'une part, et l'esclavage d'autre part, perpétrés à partir du XVè siècle, aux Amériques et aux Caraïbes, dans l'océan Indien et en Europe contre les populations africaines, amérindiennes, malgaches et indiennes constituent un crime contre l'humanité.
Article 2
Les programmes scolaires et les programmes de recherche en histoire et en sciences humaines accorderont à la traite négrière et à l'esclavage la place conséquente qu'ils méritent. La coopération qui permettra de mettre en articulation les archives écrites disponibles en Europe avec les sources orales et les connaissances archéologiques accumulées en Afrique, dans les Amériques, aux Caraïbes et dans tous les autres territoires ayant connu l'esclavage sera encouragée et favorisée.
Article 3
Une requête en reconnaissance de la traite négrière transatlantique ainsi que de la traite dans l'océan Indien et de l'esclavage comme crime contre l'humanité sera introduite auprès du Conseil de l'Europe, des organisations internationales et de l'Organisation des Nations unies. Cette requête visera également la recherche d'une date commune au plan international pour commémorer l'abolition de la traite négrière et de l'esclavage, sans préjudice des dates commémoratives propres à chacun des départements d'outre-mer.

Depuis la circulaire du 29 avril 2008, précise que chaque DOM-TOM peut garder « sa » date spécifique, dont le 22 mai pour la Martinique.

Aujourd’hui, le 10 mai est la date officielle de commémoration sur tout le territoire nationale. Une date pour ne pas oublier, pour que les enfants apprennent aujourd’hui à l’école, ce que cette triste page de l’histoire de notre pays a été.
Voir qu’un combat collectif peut porter ses fruits est porteur d’espoir, car les injustices en France, … perpétrer par la France sont encore là, même si on ne peut les qualifier de criminel.
Faiseurs de luttes, vous avez, nous avons encore du pain sur la planche. « I have a dream … »

Pour aller plus loin :
Un site internet : parolesdesclavage.com

Publié dans Conseil municipal

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